À l’ombre de la cire : immersion dans l’alchimie du bronze
Découvrez, au cœur d’un savoir-faire 100 % français, comment se tisse la poésie d’une œuvre collective : de la grâce du modèle danseur, jusqu’à la fusion du bronze, un procédé artisanal ancestral.
Tout commence par une rencontre : je travaille avec des danseurs et danseuses, dont le corps porte la mémoire du mouvement. Je leur propose une situation de Faiseur de Sublime. Ils dansent, je regarde, je filme. Ensemble, nous cherchons la pose juste, celle qui raconte. Une fois trouvée, je l’étudie sous tous les angles, par le dessin, pour en saisir les lignes de force, l’équilibre, l’anatomie.
Je modèle ensuite la sculpture originale en plastiline, sur une armature soudée. Je construis les masses, puis entre dans le détail du modelé : chaque geste, chaque tension musculaire, chaque expression du visage est repris jusqu’à ce qu’émotion et présence s’incarnent. Je commence le personnage nu, puis je le drape. Je cherche à faire émerger une figure sensible, une présence vraie.
Je réalise ensuite un moule en élastomère et résine, souvent en plusieurs morceaux. À partir de ce moule, on tire une cire creuse, que je retouche pour retrouver toute la finesse du modelé. Cette étape, longue et technique, est fondamentale pour la suite.
A ce moment, ma partenaire, la fonderie Ilhat, près de Toulouse, prend le relais. Elle monte sur la cire les évents et canaux d’alimentation, puis la noie dans un plâtre réfractaire. Après cuisson, la cire fond : le vide laissé devient le futur bronze. Le métal en fusion (1 200 °C) est coulé. Une fois refroidi, le plâtre est brisé, le bronze libéré.
Commence alors le travail de ciselure – soudure, rectification, nettoyage, sablage – pièce par pièce, pour renouer avec la finesse du modelé.
Enfin, vient la patine, étape cruciale qui mobilise un grand savoir-faire : j’applique les oxydes à chaud, choisis selon les nuances souhaitées. La sculpture est inspectée, cirée, lustrée.
Ce rituel, lent et collectif, est à refaire pour chaque tirage. Il exige une maîtrise rare et justifie pleinement la valeur d’une œuvre d’exception.