Souffleuse de brumes

Faiseurs de Sublime - Souffleuse de brume - bronze


De son souffle retenu, le monde s’efface doucement.
Sous ses lèvres gonflées, le paysage se couvre de mystère.

Lin blanc du matin —
elle drape le paysage
d’un souffle de brume.

Le soir venu, ses brumes mystérieuses
se colorent aux tons de l’Enlumineuse de nuages.

Bronze
32x17x14
édition limitée et numérotée

Assise sur un rocher, les jambes gracieusement inclinées,
elle porte sa main devant sa bouche,
comme pour susurrer un secret à l’aube.
Ses joues gonflées, ses doigts délicats, dirigent le souffle,
un murmure dense et invisible,
qui descend sur les étendues d’eau et les champs,
comme un lin blanc et duveteux.

Son corps dessine une ligne souple, entre tension et abandon
sur la courbure de ses reins.
Sa coiffure, en croissant de lune, évoque les cycles,
les marées intérieures, les silences d’avant le jour.
Un drapé couvre sa poitrine et son bassin,
et se déverse sur le rocher
comme un nuage tombé du ciel.

La Souffleuse de brume incarne l’art de voiler sans effacer,
de révéler en adoucissant.
Elle offre au monde un entre chien et loup,
cet instant fragile où tout ralentit,
où le visible hésite,
et où le paysage, dans le calme, se laisse rêver.

Conte inspiré de cette sculpture

Songe en bord de brume

Elle marchait lentement, à pas égaux, le long de l’étang, remontant le fil d’un songe ancien. Il y avait dans sa démarche quelque chose de l’eau elle-même : paisible, glissante, sans but apparent. La lumière d’automne filtrait entre les branches des saules, dorant les feuillages de cuivre et d’ambre. Le sol était spongieux, humide d’un été révolu, et les feuilles mortes craquaient sous ses pas, évoquant des souvenirs qu’on n’ose pas déranger.

Son cœur était calme, tel un lac que plus rien ne trouble. Elle ne fuyait rien. Elle cherchait une paix discrète, cette paix silencieuse que l’on trouve parfois dans un souffle d’air, un reflet, une odeur familière. Un souvenir lointain, venu sans bruit, remontait doucement à la surface de sa mémoire : la main tiède de sa mère, un matin de brume. Elles marchaient côte à côte, sur un sentier de mousse. Une chanson murmurée flottait dans l’air, dans une langue oubliée, celle des grands-mères. Elle ne savait plus les mots, mais elle gardait le rythme dans la poitrine. Cela n’avait ni forme ni date, mais cela éclairait l’intérieur de son âme, telle une lampe posée dans la nuit.

Le soir descendait, doucement, tel un rideau sur une scène sans spectateurs. La brume s’élevait de l’eau, lente et sûre, pareille au souffle de l’étang. Une respiration vaste, profonde. Tout devenait doux, estompé, fondu. Les arbres se brouillaient dans l’air laiteux, leurs branches semblant se dissoudre dans le ciel. Les roseaux perdaient leurs contours, devenaient lignes floues, comme dessinées à l’encre d’eau. Les bruits eux-mêmes s’affaiblissaient, aspirés par cette ouate de silence. Le monde avait choisi de parler à voix basse.

Elle s’arrêta. Saisie. Non par la peur, mais par l’étrange beauté de ce monde en dissolution. Tout ce qui pesait, tout ce qui faisait mal et tirait vers le bas, semblait se dissoudre dans cette vapeur. Une paix ancienne, grave, descendait en elle. Une paix d’avant les mots, d’avant les blessures. Elle n’était plus une femme, ni une histoire : elle était un souffle parmi les souffles, un souffle qui regarde.

Et alors, elle la vit.

Non, elle la perçut. Une présence. Une vibration dans la lumière, un frémissement dans la brume. Quelque chose qui bougeait sans bruit, avec l’air, avec l’eau. Une femme, ou une idée de femme. Une forme drapée de brume, debout sur l’eau, ou peut-être juste au bord. Elle semblait flotter entre les mondes. Elle soufflait. Et la brume montait, lentement, dans un rythme ancien. Chaque souffle semblait sculpter les formes, dessiner les rives, inventer des ombres. Sous ses gestes, le paysage devenait rêve. Des visages apparaissaient dans les troncs, des oiseaux dans les pierres, des montagnes dans les nénuphars.

Elle cligna des yeux. Il n’y avait plus rien. Rien que la brume, mouvante, douce, mystérieuse. Et ce sentiment d’avoir reçu un secret, sans mots, sans cause. Comme si quelqu’un avait ouvert une porte en elle, et refermé doucement.

Elle s’assit au bord de l’eau, s’enroula dans son châle. Le monde n’avait plus d’angles. Tout était courbe, lent, intime. Les arbres étaient devenus des rêves, les herbes des souvenirs, et l’eau un miroir sans fin. Dans cette rondeur nouvelle, elle s’abandonna au sommeil, telle une voyageuse rentrant chez elle après un long périple. Le souffle de la brume la berçait, et sous ses paupières fermées dansaient encore les formes nées de cette rencontre avec une Souffleuse de Brume.”

Conte inspiré des ouvrages Regain de Jean Giono, et Gertrude, de Hermann Hesse

Les coulisses

Avant d’être moulée puis tirée en cire et enfin en bronze, la Souffleuse de brume fut en terre cuite.

Au milieu, le jeu consiste à trouver celle en cire, celle en terre cuite et celle en bronze…

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