Elle dresse des chemins de lumière dans le silence des anges.
La Tisseuse d’échelles de Jacob tend ses fils de lumières entre le ciel et la terre. Lorsque le soleil filtre à travers les nuages et qu’une trouée de rayons filtre dans l’atmosphère soyeuse, la tisseuse est à l’oeuvre.
Échelle de paix —
chaque doigt noue la lumière
au bord du mystère
Bronze numéroté
socle en chêne et aluminium incrusté / Socle en acier patiné
8 exemplaires numérotés.
80x55x40
Lorsque le soleil se retire derrière les nuages, le ciel s’emplit de rayons dans un souffle muet. Lors de ces instants suspendus, surgit La Tisseuse d’échelles de Jacob. Elle ne cherche ni l’ascension ni la chute : elle ouvre des passages.
Son corps dessine un pont entre deux mondes. Une danse immobile, tendue entre l’élan et l’équilibre. Sa jambe gauche s’étire vers l’arrière comme un ancrage dans l’air, tandis que son torse vrille autour de l’axe du souffle du monde. Les bras ouverts, elle tend un fil de lumière que seul le silence du cœur reconnaît.
Entre ses doigts, elle recueille ce qui dérobe : les rais discrets d’un soleil caché, les murmures d’une prière ancienne, les traces d’un rêve effacé.
Le fil descend du ciel jusqu’à la terre, léger comme un souffle, solide comme une foi.
Son visage est calme, tourné vers le sol, non par abandon, mais par pleine présence. Elle relie. Elle transmet. Elle révèle.
Car parfois, il suffit d’un seul fil, tendu avec justesse, pour que l’on retrouve le chemin.
Les Fils du ciel
Conte où il est question d’entrevoir une Tisseuse d’échelles de Jacob
Le vent tiède faisait pencher les lavandes dans une lente respiration. Nous marchions, mon fils et moi, dans les plis violets du plateau, lorsque sa petite main m’agrippa le bras.
— Papa… Regarde ! On dirait que des anges nous envoient un message…
Je levai les yeux vers le ciel. Des rayons perçaient entre les nuées, en gerbes dorées.
— Ce sont des échelles de Jacob, dis-je, mi-savant, mi-rêveur. Des rayons du soleil diffractés par l’humidité de l’air.
— Non…, murmura-t-il. C’est le souffle des anges.
Je souris. Il y avait dans sa voix une certitude douce. Alors je lui demandai :
— Et que vois-tu exactement ?
Il plissa les yeux, scrutant la lumière et balayant l’horizon. Puis il s’arrêta net, tendant le doigt.
— Là ! Regarde !
Je me retournai, mais il n’y avait que les champs et le ciel.
— Tu l’as vue ? demanda-t-il, haletant. La dame… Immense ! Elle tendait des fils entre les nuages et la terre…
Je ne vis rien.
— Tu la vois encore ? lui demandais-je pris au jeu.
— Ben non… Mais j’ai pas rêvé ! continua-t-il un peu boudeur.
Et dans ce silence, un doute m’effleura. Peut-être le monde est-il plus vaste que ce que mes yeux d’adulte peuvent embrasser. Peut-être la transcendance se glisse-t-elle dans ces visions d’enfant, simples et totales. La lumière, les fils invisibles, le souffle des anges — tout cela n’a-t-il pas plus de poids dans la bouche d’un enfant que dans les livres ?
Il me faudrait une âme plus légère, pensai-je. Pour voir, comme lui, les Tisseuses d’échelles de Jacob.
Nous reprîmes notre marche. Les rayons dansaient sur les collines. Le ciel devenait miel…
— Dis, Papa… tu crois que je la reverrai un jour, la dame qui tend les fils de lumière entre le ciel et la terre ?
D’où vient la référence aux “échelles de Jacob” ?
L’expression « échelle de Jacob » trouve son origine dans la Bible, au Livre de la Genèse (28:12), où Jacob rêve d’une échelle reliant la terre au ciel, parcourue par des anges. Ce passage symbolise l’ouverture d’un axe vertical entre le monde humain et le divin. Dans la tradition chrétienne, cette échelle est interprétée comme une allégorie du Christ (Jean 1:51) ou de l’ascension mystique de l’âme (cf. Jean Climaque, Scala Paradisi). Le motif est également présent dans l’art religieux, notamment chez William Blake (Jacob’s Ladder, 1805), et dans la culture populaire afro-américaine à travers le spiritual We Are Climbing Jacob’s Ladder. Enfin, le terme désigne aussi les rayons de soleil perçant à travers les nuages — phénomène optique qui, dans l’imaginaire, devient un pont de lumière. La figure de la Tisseuse s’inscrit dans cette tradition : elle incarne l’acte poétique de relier ciel et terre à travers le fil invisible de la lumière.
Les coulisses
Après une première version en terre cuite, la Tisseuse d’échelle de Jacob a été réalisée en plastiline à l’échelle 1/2.
Le moulage élastomère a nécessité un démembrement pour plus d’aisance à la coulée. Elle sera remembrée en bronze. Le moule en élastomère épouse parfaitement les détails et les restitue dans la cire.
L’épreuve en cire est ensuite assemblée sur un arbre en cire et placée dans un cylindre dans lequel on coule du plâtre. Une fois cuite, la cire fond et laisse un creux qui peut être rempli de bronze. Le bronze liquide est coulé par l’arbre et remplit tout le creux laissé par la cire fondue.
Ensuite, l’étape de ciselure consiste à éliminer tous les petits défauts du bronze. Enfin, la patine est réalisée à chaud avec des oxydes. Cette étape sublime le travail du sculpteur et nécessite expérience et maîtrise.